A Cergy-Pontoise pour un débat « France-Europe, je t’aime …. moi non plus »
Le 11 février 2014, les Mardis de l’ESSEC recevaient Jean Pisani-Ferry, Yves Bertoncini et Jean-Dominique Giuliani pour une discussion autour du rôle et de la place de la France en Europe.
Présentation : Badreddine Lehalali
Interview : Agathe Brangier et Charlotte Steiner
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Idée conçue au XIXe siècle, mûrie dans l’entre-deux-guerres et concrétisée en 1957, l’Europe est désormais une donnée majeure dans la vie des habitants du Vieux Continent. Pourtant, depuis son cinquantième anniversaire fêté en grande pompe en 2007, sa cote de popularité ne cesse de décliner et son utilité d’être remise en question. Quant à sa raison d’être, rien ne semble plus flou.
D’élargissement en élargissement, l’Europe a perdu son identité et sa cohésion. Au lieu de la renforcer, ses agrandissements successifs l’ont progressivement diluée et sa voix se perd dans une cacophonie de revendications nationales-égoïstes. Les vieux rêves fédéralistes des pères de l’Europe s’opposent plus que jamais à une réalité à peine unioniste dans laquelle chacun défend bec et ongles ses intérêts propres.
Cette bureaucratie à la sauce bruxelloise n’étant pas franchement goûteuse, l’Europe est de plus en plus désavouée par ses peuples. Alors qu’en Ukraine on meurt pour l’intégrer, au sein même de ses membres fondateurs, certains se battent pour en sortir. En France, notamment, le Front national, porte-parole le plus virulent du retrait de l’Union, arrive en tête de tous les sondages pour les élections de mai. Même outre-Rhin, rompant le paradigme dans lequel nous évoluions depuis l’après-guerre d’une Allemagne qui serait européenne ou qui ne serait pas, Angela Merkel a décidé que désormais, l’Europe sera allemande ou ne sera plus. Alors que la République fédérale n’est plus le nain politique d’antan, l’autre partie du couple, la France, a perdu de son influence dans le processus de construction.
Dans une Europe dont les orientations sont de plus en plus données par la BCE, la France représente en effet un point épineux : Europe du Nord contre Europe du Sud ? Soit, sans euphémisme : Europe des riches ou des pauvres ? Les six membres fondateurs anciennement associés, aujourd’hui dissociés, ressemblent désormais plus à une troupe éparse d’estropiés politiques, économiques ou moraux qu’à un moteur tirant les Vingt-Huit vers le haut.
Alors, l’Europe, problème soluble seulement dans la dissolution ? Réponse dans ce débat.
Yves Bertoncini est administrateur de la Commission européenne et directeur du think tank Notre Europe-Institut Jacques Delors.
Jean-Dominique Giuliani est un entrepreneur et homme politique français, président de la Fondation Robert-Schuman.
Jean Pisani-Ferry est économiste, Commissaire général à la stratégie et à la prospective, expert pour la Commission européenne et spécialiste de l’Europe.