Sur Arte : « Où va Boris Johnson ? »
La date du Brexit s’approchant à grands pas, la politique britannique et la stratégie de Boris Johnson paraissent de plus en plus incertaines. Après avoir perdu plusieurs batailles face au Parlement de Westminster, quelles pourraient être les prochaines actions du Premier ministre britannique ?
Débat d’Yves Bertoncini avec Anne-Elizabeth Moutet, journaliste, et Jeremy Stubbs, président des conservateurs britanniques en France, dans l’émission « 28 minutes » d’ARTE du 10 septembre 2019 [13’10 à 37’30].
Que souhaite Boris Johnson ?
Selon le Président du Mouvement Européen-France, ce que Boris Johnson ne veut pas « c’est le maintien du Royaume-Uni dans l’union douanière et dans le marché unique ad vitam eternam. Ce qu’a accepté Theresa May, c’est un filet de sécurité qui prévoit que dans le cas où aucune solution n’est trouvée, non seulement l’Irlande du Nord, mais aussi le reste du Royaume-Uni restera dans l’union douanière. Boris Johnson peut accepter le filet de sécurité pour l’Irlande du Nord, mais pas pour le Royaume-Uni. Cela lui permettrait de dire qu’il a changé de position par rapport à celle de Theresa May, et de conserver la face. L’Europe y serait ouverte. » Pour Yves Bertoncini, la question reste ouverte : « souhaite-t-il parvenir à un accord, ou est-il juste un jusque-boutiste qui souhaite sortir sans accord ? »
Que doit faire Michel Barnier d’ici au 17 octobre ?
Yves Bertoncini : « Il doit continuer d’être flegmatique et de regarder comment sur la table des négociations – avec une percée conceptuelle britannique – on peut arriver à trouver un chemin. » Le Président du Mouvement européen-France ajoute : « Il faut être attentif à l’histoire qui peut être racontée, au storytelling. Boris Johnson a besoin de dire que l’accord qu’il aura trouvé est la plus grande victoire depuis Trafalgar. Michel Barnier doit avoir, et il l’a, l’intelligence de laisser Boris dire que ce qu’il aura négocié est une victoire diplomatique pour le Royaume-Uni, que c’est tout à fait différent de ce qu’avait négocié « l’imbécile » de Theresa May. Il faut le laisser revenir victorieux chez lui. »
Le Royaume-Uni fait-il face à une crise de la représentativité ?
Yves Bertoncini analyse : « La stratégie de Boris Johnson est de raconter une histoire, de dire que la Grande-Bretagne a connu pire. Ce qu’il dit au peuple, c’est ‘Les élus ne vous servent pas, mais je suis là, moi, au-delà de tous les pouvoirs, du Parlement, de la Justice, pour vous donner satisfaction.’ Cela est une mystification à deux titres. » Le Président du Mouvement Européen-France explique : « D’abord, le peuple n’a jamais demandé de sortir avec fracas et sans accord. Ensuite, l’un des slogans des brexiters était de permettre au Parlement de Westminster de reprendre le contrôle – et voilà que Boris Johnson le suspend… »
Yves Bertoncini, vous croyez au scénario rocambolesque d’un nouveau référendum après le Brexit acté ?
Le Président du Mouvement Européen-France répond : « Je n’ai jamais cru au deuxième référendum à effet immédiat. Mais en revanche, dans deux, trois ans, quand un nouveau partenariat aura été mis en place, il y aurait du sens à le faire évaluer au peuple, en lui demandant ce qu’il pense de cette nouvelle relation. »