Sur RFI pour commenter « l’affaire Selmayr »
Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité de l’émission Débat du jour sur RFI. Aux côtés du journaliste Jean Quatremer, il analyse « l’affaire Selmayr » qui fait suite à la nomination du Directeur de cabinet du Président de la Commission Martin Selmayr au poste de Secrétaire général de la Commission européenne via une procédure écourtée.
Martin Selmayr : une nomination qui fait débat
« Les hauts fonctionnaires ne font jamais qu’occuper l’espace vacant que leur laissent les responsables politiques. L’impression que donnent Martin Selmayr et Jean-Claude Juncker, c’est que le premier ne voit pas son pouvoir limité par le second. » analyse le Président du Mouvement Européen.
« L’ancien chef de cabinet du Président de la Commission a des qualités indéniables. Mais pourquoi n’a-t-il pas suivi la procédure normale de mise en concurrence pour le poste de Secrétaire général ? » s’interroge Yves Bertoncini. Il rappelle que « ce n’est pas la première fois qu’un chef de cabinet accède à ce poste ». David O’Sullivan est en effet passé de chef de cabinet du Président de la Commission Romano Prodi à Secrétaire général en juin 2000.
L’Union européenne a « d’autres priorités »
Les institutions européennes étant les gardiennes des Traités, la Commission est là pour faire respecter les règles et demander aux Etats membres de respecter le droit européen. « Si elle ne s’applique pas à elle-même ces règles, alors il y a tout lieu de craindre que cela ne profite pas aux partisans d’une Europe plus forte dans la perspective des élections européennes de 2019 » commente le Président du Mouvement Européen. Néanmoins, « l’Europe a d’autres priorités » note-t-il en référence à l’actualité géopolitique, comme l’empoisonnement d’un ressortissant russe au Royaume-Uni ou la rencontre entre D. Trump et le leader nord-coréen Kim-Jung-Un programmée pour le printemps prochain.
Le journaliste Jean Quatremer pointe « le manque de contre-pouvoirs » dans les institutions et le passage d’une Commission européenne « politique » à un « organe bureaucratique ». Yves Bertoncini rappelle néanmoins la réaction du Parlement européen et les débats à venir sur cette nomination. « On n’est pas dans le cas de la Commission Santer », qui avait dû démissionner en 1999 suite à une affaire d’emplois fictifs.
Le « Spitzenkandidat » pour garantir le poids des citoyens
Pour Jean Quatremer, « Martin Selmayr tente de se positionner dans le choix du futur prétendant au poste de Président de la Commission du côté du Parti populaire européen », dont est issu Jean-Claude Juncker.
Yves Bertoncini conclut sur le thème des élections européennes, « ce qui compte du point de vue citoyen, c’est d’avoir une compétition ouverte entre les têtes de liste présentées par les partis politiques européens, à travers le système du Spitzenkandidat ». Et ce, « afin que les électeurs puissent choisir le prochain Président de la Commission européenne, n’en déplaise à Martin Selmayr ».