Yves Bertoncini, Président du Mouvement Européen – France, était l’invité de l’émission Les Voix de l’Info animée par Sonia Mabrouk pour analyser les résultats des élections législatives du 4 mars en Italie et la montée des extrêmes droites en Europe. Étaient présents sur le plateau David Rachline, Maire FN de Fréjus, Serge Raffy, éditorialiste à l’Obs, Jacky Isabello, co-fondateur de l’agence CorioLink et Judith Waintraub, journaliste politique au Figaro.
Face à la montée de l’extrême droite en Europe, illustrée récemment lors de deux scrutins successifs en Italie et en Autriche, Yves Bertoncini note « un paysage général qui met sous pression les pays européens – et même les États-Unis. Une forme de crise identitaire qu’avive la crise des réfugiés, une angoisse puisque les Européens ne représentent plus que 6 % de la population mondiale. Cette situation se ressent dans tous les pays d’Europe. »
Le Président du Mouvement Européen remarque que certains pays sont tout de même « immunisés », comme au Portugal, en Espagne ou en Irlande : « autant d’endroits où le vote antisystème peut se faire via la gauche radicale ».
« En France, le vote antisystème à l’élection présidentielle a été capté en partie par Emmanuel Macron » avec une force partisane, La République En Marche, qui a rapidement émergé face aux partis traditionnels. « Au sein de cette compétition électorale, il y a eu un débat d’entre-deux-tours qui a laissé des traces, en particulier sur la question de la sortie de l’euro. On le voit aussi en Italie où la Ligue du Nord a modéré son propos sur le sujet » complète Yves Bertoncini commentant la situation nationale. « Pour des partis d’extrême-droite ou de droite radicale, qui se réclament comme des partis de l’ordre, la volonté de quitter l’Union monétaire est assimilée au désordre le plus total, ce qui leur fait beaucoup de tort. »
Au Front National et à son porte-parole David Rachline, selon lequel l’Union européenne aurait « détruit toutes les protections de nos compatriotes », Yves Bertoncini répond par l’exemple : « sur l’Union monétaire, le problème c’est qu’on ne comprend pas la stratégie de Marine Le Pen. Imaginons la crise financière, importée des États-Unis, avec des monnaies nationales. Imaginons ses répercussions sur le cours du franc. […] Sur certains sujets comme l’Union monétaire, les Français ont compris que l’Europe nous protégeait. »
A propos de la crise des réfugiés, sujet central du scrutin italien, « l’Europe fait progrès : il y a maintenant un corps européen de gardes-frontières. Et si on sécurise nos frontières communes, la question à régler reste celle de la solidarité entre les pays européens. La France n’a accueilli que 550 réfugiés en provenance de l’Italie depuis 2 ans – et 5 000 de Grèce. A Emmanuel Macron de dire ‘on est la France, on peut faire plus’. »
Pour aller plus loin, Yves Bertoncini rappelle le besoin d’agir à la source, dans les pays de départ. « Si l’Italie continue de voir affluer des demandeurs d’asile et des migrants, le flux s’est néanmoins considérablement réduit. Pour contrôler les flux en Europe, on peut évidemment rétablir ponctuellement les contrôles à nos frontières. La France le fait et les Italiens nous le reprochent par ailleurs. Simplement, si on fait ça de manière durable on pénalisera les 350 000 travailleurs frontaliers et pour un bénéfice limité. »